Technique

Naissance d’un ours en peluche

suzanne, oursonne en peluche

La conception d’un ours articulé est un travail long et exigeant. Et ce d’autant plus quand on est créateur de nounours de collection. Tout commence par une idée…

L’inspiration peut venir de partout, de la lecture des journaux spécialisés à la découverte d’un tissu intéressant, de la mode, d’un personnage, voire d’une simple forme.


Le choix du tissu est essentiel car suivant son élasticité, suivant la longueur des poils, lisses ou bouclés, denses ou clairsemés, le résultat sera très différent. Difficile de savoir à l’avance à quoi ressemblera le nouvel ours.

J’utilise pour ma part le mohair, matière traditionnelle par excellence, ou des lainages pour les ours de collection mais des peluches synthétiques pour les modèles destinés aux enfants. Pour ceux-ci, d’autres matières douces comme le velours éponge, la suédine, le tissu éponge ou tout simplement le coton sont plus adaptées.

Différentes sortes de mohair

Ours mortimerMortimer est fabriqué dans un mohair à poils longs et frisottés. Ce type est plus adapté à la réalisation d’ours de taille respectable. Lorsque l’on découpe les différentes pièces, il faut prendre garde à ne pas abimer les poils.


l'ours en mohair : KiktofKiktof, en mohair ras et dense, plus difficile à coudre, car les morceaux de tissu ont tendance à glisser l’un sur l’autre.
Cette matière se travaille à la manière du velours. Ici, le sens du poil a moins d’importance que pour les deux autres.


l'ours en mohair : LutinLutin est coupé dans un mohair blanc-rosé, un peu échevelé, et plus clairsemé. Les poils sont plus courts que pour Mortimer. En rasant le museau, on fait apparaître la toile du fond. Celle-ci est d’ailleurs plus souple que pour Kiktof et Mortimer.


Suzanne, ours conseil« Attention, le mohair ce n’est pas tout. On fait aussi de très beaux ours en lainage, plus extensible que le mohair. L’idéal est une matière un peu pelucheuse. Ceci permet de faire des ours à un prix raisonnable, le mohair étant tout de même très cher. »


Le patron

Les differentes pieces du patron de l'ours

En véritable artiste d’ours, je n’utilise jamais de patrons du commerce mais les débutants peuvent commencer par utiliser puis modifier des patrons libres de droits. Je commence en général par un croquis, mais parfois, je trace directement le patron sur papier, au jugé.

Une fois les morceaux du patron dessinés et découpés, ils seront disposés sur l’envers du tissu de façon à gaspiller le moins possible de matière.

Ensuite vient la coupe, à petits coups de ciseaux pointus, pour éviter d’abimer les poils.


L’assemblage

couture et assemblage des pieces du nounours

Je couds le plus souvent mes ours à la machine. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les anciens ours Steiff étaient également assemblés ainsi !

De mon expérience de la mode et du prêt-à-porter, j’ai conservé l’habitude de piquer sans épingler ni bâtir au préalable. A vous de voir si vous y parvenez ! La peluche et le velours ont une facheuse tendance à glisser…

Il m’arrive, en particulier pour les miniatures, d’assembler l’ours entièrement à la main. Dans ce cas, il faut compter environ 6 heures pour un ours d’à peine 5 cm !

Pour un ours articulé, on assemble la tête, le corps, les bras et les jambes séparément, puis on les retourne par une ouverture ménagée à cet effet.

Les articulations

les articulations des ours en peluche, realisees de maniere artisanale

Celles-ci peuvent être des rondelles de carton fort ou de bois qu’on maintient serrées par une goupille métallique, ou alors, on peut utiliser des joints en plastique conçus spécialement à cet effet. Ceux-ci seront bien sûr utilisés si l’ours doit être lavé, donc forcément lorsque l’ours est destiné à un enfant et n’est pas purement décoratif.


Pour un ours à l’ancienne, il faut pas moins de :

  • 10 disques d’isorel
  • 10 rondelles métalliques
  • 5 goupilles

Le rembourrage

rembourrage du nounours

Ours rembourré avec de la ouate

En ce qui me concerne, je privilégie la ouate pour éviter les allergies (tant pour moi que pour les futurs propriétaires de mes ours), et j’aime aussi les granulés qui donnent de la souplesse au corps de l’ours.

Pour un enfant, on peut mettre les granulés dans un sac plutôt que de les mettre directement dans la peluche. C’est une protection supplémentaire contre le risque d’ingestion.

La paille de bois est utilisée lorsque l’on veut accentuer le côté « traditionnel » de l’ours, mais elle est difficile à travailler.

patte d'ourson et paille de bois
Patte remplie de paille de bois

Pour certains modèles, j’ai inséré une armature en métal ou en plastique dans les membres et même le corps de l’ours pour permettre des poses intéressantes.

Bien sûr, si l’ours est destiné à un enfant, il faudra choisir un rembourrage hypoallergénique, lavable et qui ne risque pas d’être ingéré. C’est d’autant plus important si le jouet est un doudou pour un bébé, car il va le sucer et le manipuler beaucoup.


Suzanne, ours conseil« La phase du rembourrage est moins évidente qu’il n’y parait. Il faut bourrer fermement et de manière régulière. Pour cela, on utilise de la paille de bois, du kapok, de la ouate polyester, de la bourre de laine ou des granulés en plastique. »


Le visage de l’ours

broderie du nezUne fois toutes les ouvertures refermées, à la main avec un point invisible, arrive la phase finale essentielle: le visage. Les yeux en verre sont cousus à l’aide d’une longue aiguille qui traverse la tête de l’ours (opération qui effraie toujours les âmes sensibles !) tandis que les yeux de sécurité sont insérés avant le rembourrage.

Les yeux de sécurité sont utilisés pour les modèles pour enfants. Pour les bébés, c’est encore mieux de simplement broder les yeux à la main ou de les appliquer avec un point de bourdon à la machine.

Pour broder le nez et la bouche, j’utilise du coton ou de la soie à broder, voire du fil fin pour les miniatures. Ma spécialité cependant, ce sont les nez sculptés à l’aiguille, en suédine ou en imitation daim. Cette technique demande patience et savoir-faire, mais le résultat vaut tous les efforts !

Et Voilà !

L’ours est fini. On respire enfin. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas vraiment l’artiste qui décide à quoi ressemblera son ours. Non, c’est l’ours lui-même qui impose sa personnalité, et c’est pourquoi, sans trop savoir comment, on se retrouve avec une charmante fillette ou un petit dur, une dame distinguée ou un titi parisien… C’est à ce moment que l’on sait s’il faut mettre un ruban autour du cou ou dans les cheveux, ou s’il faut les vêtir d’un costume.


Suzanne, ours conseil

« Lorsqu’il s’agit de créer des vêtements, c’est encore beaucoup de travail. Ils sont coupés et cousus sur mesure pour ces Messieurs-Dames Ours et en font des personnages à part entière. Mais nus ou habillés, les ours d’artistes ont tous quelque chose à dire, ne serait-ce que « je t’aime… »

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